La simplicité volontaire : à la découverte de ce mode de vie

La simplicité volontaire. Tu as peut-être entendu nommer ce concept et te demandes ce qu’il implique et si cela peut te ressembler et te convenir. Nous te proposons de le découvrir ensemble et de te proposer des outils pour pousser plus loin ta réflexion et passer à l’action. Belle lecture !

La simplicité volontaire : définition et concepts associés

La simplicité volontaire : définition

La simplicité volontaire, aussi appelée sobriété volontaire, est un mode de vie qui trouve ses origines dans l’ascétisme pratiqué dans certaines religions (christianisme, bouddhisme…). Il s’agit de réduire volontairement sa consommation, aussi bien matérielle que numérique, afin de limiter l’impact de sa vie sur son environnement. Les motivations liées à cette pratique sont multiples et surtout, positives. Les personnes qui ont choisi la simplicité volontaire le font de leur plein gré et pour des raisons  bénéfiques à différents niveaux.

La simplicité volontaire : une décroissance ?

La décroissance est un concept à la fois politique, économique et social qui s’est développé dans les années 1970 en réponse à la société de consommation telle qu’elle s’est développée durant le XXe siècle. Derrière l’idée de Décroissance, celle que la planète ne pourra pas survivre à l’augmentation progressive de notre consommation.

À la différence du concept de Simplicité volontaire, le concept de décroissance se base sur :

  • une idée négative : c’est une réaction. Le préfixe “Dé” du mot Décroissance est négatif et implique le retour en arrière  ;
  • la contrainte : il s’agit d’imposer à la population la décroissance.

Ces deux aspects en font une idéologie qui a peu fonctionné quand elle s’est faite connaître dans les années 70. La décroissance apparaît trop désagréable, trop contraignante, trop à l’opposé de notre volonté d’avancer. 

La simplicité volontaire et la consommation responsable : différences ?

La notion de “consommation responsable” (ou “consommation durable”, ou encore “consommation écoresponsable”) est, comme celle de “décroissance”, née dans les années 1970 face aux dangers issus de la surconsommation (réchauffement de la planète, éthique bafouée…). L’idée qu’elle porte est simple : en continuant sur le rythme d’une consommation effrénée, le monde est menacé : pour lui permettre de durer dans le temps, il est nécessaire de la transformer – de passer d’une consommation “tout court” à une consommation durable.

Simplicité volontaire et consommation responsable sont donc deux concepts qui se rapprochent. En effet, ils impliquent tous deux de faire attention à l’impact de sa consommation. 

Cependant, alors que la simplicité volontaire implique la notion de moins consommer (voire de ne pas consommer quand elle est poussée à son extrême), la consommation responsable revient à mieux consommer. C’est en cela que ces deux concepts se distinguent.

La simplicité volontaire et le zéro déchet : différences ?

Le zéro déchet est un mode de vie qui consiste à supprimer ses déchets – l’impact de la consommation humaine est vu, dans la réflexion zéro déchet, à travers le prisme des déchets. En limitant les déchets, voire en les supprimant complètement, l’impact de la consommation est limité. 

Ce mode de vie se rapproche donc de la simplicité volontaire. Cependant, le zéro déchet est l’un des outils pour atteindre la simplicité volontaire mais n’englobe pas tous les points envisagés par la simplicité volontaire. Par exemple, le mouvement du zéro déchet ne concerne pas la consommation numérique ou l’impact éthique d’un produit. 

La simplicité volontaire : repenser tout son mode de vie

main croisée face a la nature

Adopter la simplicité volontaire, c’est repenser l’entièreté de son mode de vie. Nombreuses de nos pratiques reposent sur des habitudes et des acquis ancrés depuis notre enfance. 

Son travail – difficile de travailler pour une entreprise qui ne partage pas du tout ses valeurs. Nombreuses sont les personnes qui changent de travail après avoir vu évoluer leurs valeurs ;

Sa consommation – au-delà de ce qui est consommé, il y a l’endroit où c’est consommé. Est-ce vraiment consommer durable qu’aller acheter du bio au supermarché ? Tu as 3 heures !

Son alimentation – consommer local, de saison, bio, végétarien… selon tes priorités (santé, bien-être animal et/ou protection de la planète), les possibilités sont vastes !

Son hygiène – la salle de bain, comme la cuisine, est l’une des pièces les plus impactées par un changement de vie vers un mode de vie plus zen. L’hygiène croise des questions telles que la consommation, la santé et les énergies.

Son habitat – vivre à la campagne est-il plus propre que la ville ? Qu’en est-il de l’énergie utilisée pour chauffer et alimenter sa maison ? Pour tendre vers un mode de vie plus simple, certaines personnes optent même pour les tiny house ou des habitats alternatifs.

Sa santé – que ce soit la façon dont on se soigne ou l’ensemble des aliments et produits que l’on ingère et/ou met sur son corps, la santé est questionnée.

Ses déplacements – récemment, les débats autour de l’avion ont dû te rappeler à quel point ce mode de déplacement est critiqué. La voiture est aussi au centre des interrogations. 

Ses vacances – si tu commences à te questionner sur la consommation et l’éthique, passer deux semaines de vacances à l’autre bout du monde pour acheter des souvenirs made in China aux Maldives doit forcément te gêner. De plus en plus d’agences de tourisme proposent des solutions alternatives pour un tourisme plus respectueux de l’environnement et des habitants.

Ses loisirs – le yoga, c’est certainement cool. Mais fait sur un tapis en plastique dans un jogging qui s’abîme en deux-deux, ça l’est moins 😉 Passer à la simplicité volontaire, c’est remettre en question ses loisirs et les équipements nécessaires pour les pratiquer.

Ses relations sociales – déjà, il y a les relations qui ne vont pas partager ta nouvelle vocation. Puis, il y a les nouvelles rencontres que tu vas faire. Enfin, il va y avoir des pratiques que tu vas remettre en question : des sorties qui ne correspondent plus trop à tes valeurs, des restaurants qui ne te parlent plus, et ainsi de suite.

Le processus de réflexion lors d’un achat

En d’autres termes, s’engager sur le terrain de la simplicité volontaire c’est tout remettre en question et ne jamais s’arrêter. Les conséquences de chaque acte – d’achat surtout – sont ainsi appréhendées de manière globale. Cela implique une prise d’information globale continue.

Voici un exemple de cheminement :

Quel est l’intérêt de ce bien ou de ce service pour moi ? En ai-je fondamentalement besoin ? Pourquoi ? Ai-je quelque chose qui puisse le remplacer ?

Quel a été le coût de la fabrication (pour la planète, pour l’éthique, pour la cause animale) ? Pour détailler ce coût : quelle est l’entreprise qui propose ce produit ? Quels matériaux sont utilisés ? Sont-ils recyclables ? Qui a produit ce produit ou ce service ? Combien de kilomètres a parcouru ce produit ?

Y’a-t-il d’autres produits ou services remplissant le même usage et ayant un coût moins élevé ? Pourquoi ce produit ou service m’intéresse plus que les autres ? Ces raisons me ressemblent-elles ?

À quel point l’acheter me rend-il dépendant de l’argent ? Devrais-je travailler plus ? Avoir moins de loisirs ? Qu’est-ce que l’acheter dit de moi ?

La simplicité volontaire : les motivations liées à ce mode de vie

homme levant les bras en signe de determination

Alors que nous sommes dans une société de consommation abondante, pourquoi faire ce choix de l’ascétisme ? Les raisons sont multiples et motivées par différents objectifs. Voici les plus importants – peut-être cela fera-t-il écho avec tes propres combats ?

Philosophique

D’après Serge Mongeau, le père de la Simplicité volontaire au Québec : 

« Pour ma part, il y a longtemps que j’ai découvert que « le système » — la société de consommation dans laquelle je vis — nous enferme, individuellement et collectivement, dans une cage qui nous laisse de moins en moins de choix véritables et de vraie liberté. Que les barreaux de la cage soient dorés ne change rien à la réalité profonde de l’aliénation de ses prisonniers. » (Extrait de La simplicité volontaire)

En d’autres termes, se détacher de la société de consommation permet d’acquérir plus de liberté, plus de possibilité de choix et de réflexion.

Politique

La simplicité volontaire est un mode de vie qui s’est imposé peu à peu dans des sociétés où le service est la norme, à démocratie représentative : en Europe, en Amérique du Nord… Il apparaît notamment lorsque l’individu a le sentiment que le pouvoir lui échappe ou que les idées qui sont importantes pour lui ne seront pas portées jusqu’au pouvoir. 

Instaurer la simplicité volontaire dans sa vie est une façon directe de s’impliquer et d’avoir un pouvoir sur son mode de vie. Le but est aussi d’agir en tant que porte-parole de sa cause.

Economique

La société de consommation et la publicité qui la promeut au quotidien nous explique que posséder, c’est être heureux. Plus encore, qu’avoir les moyens, c’est être quelqu’un, c’est mériter le respect. En d’autres termes, ne pas avoir les moyens d’acheter, c’est non seulement être malheureux mais aussi recevoir moins de respect.

Adhérer à la simplicité volontaire, c’est :

  • Ne pas vouloir posséder : les notions de privation et de tristesse qui en découlent n’existent pas avec la simplicité volontaire. Réussir à se détacher de ses envies coûteuses permet de se détacher de sa culpabilité, de ses envies, de sa jalousie ;
  • Ne pas considérer l’autre pour ses revenus, son salaire : l’argent a ainsi moins d’importance dans les relations sociales.

La simplicité volontaire va donc de paire avec une certaine tranquillité d’esprit envers l’argent et les possessions.

(Il s’agit ici de t’expliquer les idées qui portent la simplicité volontaire. Si c’est la première fois que tu découvres ce concept, une telle tranquillité d’esprit te paraît certainement difficilement atteignable ! On t’en dit plus dans la troisième partie de cet article !)

Sociale et éthique

La simplicité volontaire peut aussi se manifester pour des raisons éthiques. En effet, la simplicité volontaire s’intéresse notamment aux impacts de sa consommation – et cette dernière peut être motivée par la volonté de consommer de façon respectueuse pour les autres êtres humains et/ou, plus largement, pour les animaux. 

Il s’agit de payer un juste prix, de ne pas imposer des conditions de vie impossible à d’autres personnes et ainsi de suite.

Écologique

Ici, simplicité volontaire, consommation responsable et décroissance partagent des valeurs proches. Les raisons écologiques poussent aujourd’hui de nombreuses personnes à repenser leur consommation (peut-être est-ce même pour cette raison que tu es arrivé ici !).

La simplicité volontaire se rapporte aux notions de sobriété énergétique (consommer moins d’énergie), sobriété matérielle (acheter et posséder moins) et même numérique (limiter son impact numérique). 

Religieuse / spirituelle

Les religions, pour la majorité, valorise la modération et une limitation des possessions et des richesses. C’est le cas du christianisme, pas du protestantisme. Posséder moins est souvent vu comme une voie vers plus de foi et de spiritualité. L’abondance parasite les pensées, là où la simplicité permet le retour aux valeurs les plus essentielles.

Pratique

De plus en plus de personnes considèrent le fait de moins posséder comme une solution pour mieux agencer leur vie. Récemment, les livres et l’émission de la Japonaise Marie Kondo (autrice de la méthode KonMari) tendent à montrer que la simplicité des possessions limite la charge mentale et les tâches ménagères. Moins posséder revient alors à épouser un mode de vie plus pratique.

La simplicité volontaire : les limites

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, s’engager dans la simplicité volontaire n’a rien de simple ! Les limites sont nombreuses !

La difficulté d’atteindre la perfection

On l’a vu : s’inscrire dans une volonté d’aller vers plus de simplicité, c’est tout remettre en question. Or il est vite possible de se sentir submergé par l’étendue des questionnements à venir. Comment s’engager tout en acceptant de ne pas être parfait ? Comment consommer et profiter tout en respectant ses convictions ? La balance n’est pas évidente et les défis sont nombreux. 

Isolation sociale

Faire le choix de la simplicité volontaire, c’est faire le choix de :

Alors bien entendu, il ne s’agit pas d’isolation sociale totale – car tu rencontreras certainement d’autres personnes partageant tes convictions et tu créeras d’autres connections. Cependant, ton mode de vie te placera forcément un peu à la marge du reste de la société et t’obligera à faire preuve de pédagogie. 

Une négation du progrès ?

L’une des principales critiques contre la simplicité volontaire est que ce mode de vie serait une négation du progrès. 

Pour beaucoup, le progrès et les innovations à venir sont des solutions à opposer aux enjeux qui se dressent devant nous : les changements climatiques, le manque d’eau, et ainsi de suite. 

En prenant le parti de tendre vers un retour en arrière plutôt que vers le progrès, la simplicité volontaire semble nier l’impact positif du progrès.

Ce débat est particulièrement visible dans l’actualité, avec le déploiement de la 5G. Alors que certains se demandent s’il est vraiment nécessaire d’installer de nouvelles antennes, de rendre le parc d’appareils 4G obsolètes et d’avancer vers plus de déchets, d’autres voient une avancée technologique qui réduira, à terme, la consommation d’énergie et développera de nouveaux usages.

S’initier : les livres sur la simplicité volontaire

La simplicité volontaire par Serge Mongeau

Serge Mongeau est le père de la Simplicité volontaire au Québec. Son livre La simplicité volontaire a été publié pour la première fois en 1985 avant d’être réédité sous le nom La simplicité volontaire, plus que jamais… en 1998.

C’est lors d’un voyage au Chili, dans le cadre d’études universitaires, qu’il a pris conscience que la vie pouvait être belle sans le luxe et les gadgets nord américains. Il a écrit son livre sur La simplicité volontaire quelques années plus tard. Vous pouvez le trouver sur Amazon

L’ABC de la Simplicité volontaire par Dominique Boisvert

Dominique Boisvert est membre fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV).  Il s’applique à faire connaître la simplicité volontaire. Accessible, à la fois court et facile à lire, son livre, L’ABC de la Simplicité Volontaire est un très bon outil pour découvrir ce concept. Serge Mongeau. Vous pouvez le découvrir sur Amazon.

Vivre la Simplicité volontaire par Pierre Thiesset

Journaliste à La Décroissance, Pierre Thiesset est français. Après plusieurs essais sur la simplicité volontaire, il publie en septembre 2020 Vivre la Simplicité Volontaire. Entre les pages de son livre, découvre les témoignages d’une cinquantaine de personnes ayant choisi la Simplicité volontaire comme mode de vie. A découvrir également sur Amazon.

Vers la sobriété heureuse par Pierre Rahbi

Paysan, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France. Avec Vers la sobriété heureuse, il trace une autobiographie placée sous le signe d’un retour à la terre et à la simplicité pour s’extraire des demandes de la société de consommation. Aussi disponible sur Amazon.

Passer à l’action : vers un mode de vie simplifié

La simplicité volontaire t’inspire et tu souhaiterais adopter ce mode de vie ? C’est possible et ce, même sans habiter isolé dans une caravane ! 😉 Nous en parlions dans notre article sur la consommation responsable, mais voici ce que nous te recommandons pour entamer ta transition vers un mode de vie simplifié. 

  1. La méthode du pas à pas
  2. Le point de départ : choisir son combat
  3. Le développement personnel, un outil

La méthode du pas à pas

Comme toute transition, il peut être très très compliqué de passer d’une consommation classique à une consommation plus simplifiée. 

La perfection n’est pas un objectif à atteindre. Pas au début du processus en tout cas.

Tout pas est bon à faire. 

Le point de départ : choisir son combat

Pour faciliter ta transition, mieux vaut choisir tes combats. En effet, il te sera difficile d’une part de tout changer en même temps mais aussi, d’autre part, de faire tes choix : chaque décision implique malheureusement souvent un arbitrage entre tes combats.

Est-ce que c’est le bien-être animal qui te touche ? (Dans ce cas notre article sur les protéines végétales pourrait t’être utile) Les droits de l’homme ? L’égalité homme-femme ? Le manque d’eau sur la planète ? La question de la santé ? 

Pour t’aider à sélectionner les points qui t’intéressent le plus, tu peux aller voir du côté des objectifs du développement durable. Ils sont au nombre de 17 : 

  1. Pas de pauvreté
  2. Faim “zéro”
  3. Bonne santé et bien-être
  4. Education de qualité
  5. Egalité entre les sexes
  6. Eau propre et assainissement
  7. Energie propre et d’un coût abordable
  8. Travail décent et croissance économique
  9. Industrie, innovation et infrastructure
  10. Inégalités réduites
  11. Villes et communautés durables
  12. Consommation et production responsables
  13. Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
  14. Vie aquatique
  15. Vie terrestre
  16. Paix, justice et institutions efficaces
  17. Partenariats pour la réalisation des objectifs

Le boost du développement personnel

Voilà une troisième solution qui devrait te paraître bizarre. Et pourtant, c’est un des tips les plus importants.

D’une part, cela va te permettre de choisir tes combats (on en parlait juste au dessus) : si tu comprends mieux ce qui te fait vibrer, tu seras bien plus en capacité de te mettre en accord avec tes convictions ! 

D’autre part, te développer de l’intérieur va te permettre de moins te focaliser sur les éléments extérieurs. Des passe-temps tels que la lecture, l’écriture, les arts sont des solutions pour moins consommer.

Enfin, se développer à titre personnel, c’est aussi s’informer. Or, avant de t’engager dans un mode de vie simplifié, il est essentiel de t’informer sur l’impact de ta consommation et de l’ensemble de tes comportements. 

Pour conclure, la simplicité volontaire est un mode de vie choisi visant à réduire son impact sur la planète. Opter pour ce mode de vie, c’est questionner sa consommation et son rapport à l’argent et aux possessions. C’est un moyen de s’extirper de ces questionnements tout en se mettant à la marge de la société.

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